lundi 5 décembre 2016

Championnat du monde Master de cyclo-cross en Belgique: 5ème dans le sable


Après des semaines d’entraînements et de courses, le point d’orgue de ma saison était le championnat du monde Master de cyclo-cross qui avait pris ses quartiers à Mol, en Belgique (et ce pour 3 ans).

Jeudi 1er décembre

Après un long périple débuté la veille (ayant cette fois pu poser sereinement 2 jours de congés), nous arrivons à Mol, et plus précisément sur la base de loisirs au doux nom de ZilverMeer, composé d’une grande forêt, de plusieurs lacs et de plages sans doute artificielles.
Je suis contente de revenir en Belgique, où j’avais fait mon stage fin d’études chez Alcatel à Anvers : malgré le côté peu attrayant de la ville, je m’étais beaucoup plu, les flamands étant fort sympathiques.

Il fait assez froid et un peu humide, avec un léger crachin type breton, de quoi ne pas nous dépayser.
Je m’étais renseignée sur le circuit avant de venir et en ayant vu sur des vidéos Sven Nys serpenter de toute sa puissance dans le sable, je savais que ce serait plutôt spécial, et j’avais même réalisé quelques entraînements sur la plage sans pour autant mesurer l’importance de la course à pied.

Le site est relativement original avec des gigantesques jeux de plein air, des lacs, des sous-bois et des « plages », le tout encadré par les fameuses baraques à frites ! :-)
On passe donc une bonne heure à découvrir ce circuit pour le moins atypique : il n’y a pas qu’un peu de sable, il y en a partout !
Même des buttes entières sont ensablées (on se demande comment il est arrivé là !).
La première partie « vélo » est plutôt aseptisée avec du bitume tout plat, quelques buttes en terre avec un escalier avant d’attaquer les hostilités : la traversée du sable !
On s’enfonce tellement que c’est quasiment impossible de traverser à vélo.
Je fais plusieurs tentatives notamment en faux-plat descendant : cela passe mais le cardio en prend en coup et la question se pose si on ne va pas plus vite en courant.

Ici Phil en action:


On traverse ensuite la plage sur une partie plus compacte (donc sur le vélo) avant d’en ressortir cette fois à pied avec une grosse poutre à sauter.
Il y a ensuite une nouvelle série de buttes en terre mais où seules les descentes passent à vélo, les montées étant raides, glissantes et défoncées !
On arrive ensuite sur le clou du spectacle : une énorme butte de sable qu’il faut gravir vélo sur le dos, avant de tenter la descente à vélo (toujours dans le sable et sans élan), ou pas…
Imaginer Mathieu Van Der Poal passer cette montagne de sable à vélo 2 jours plus tard, me semble totalement inhumain! :-)

On ré-enchaîne sur le vélo pour une portion plate puis c’est le parcours du combattant : traversée entière de la plage sur du sable profond !
Je le fais en marchant mais je n’ose imaginer l’effort que cela représente en courant.
La fin peut se faire à vélo mais on n’y gagne rien.
On reprend sur du chemin lisse à vélo, entrecoupé de bitume et d’un escalier à grimper, avant de rejoindre la ligne droite de l’arrivée.
Je suis décontenancée par ce parcours : la partie vélo est insipide, et les portions à pied sont redoutables !
Cela me fait penser au France de janvier dernier à Besançon, où la boue avait transformé le circuit en trail.
Dommage que Phil ne participe pas, car avec ses talents de coureur à pied, il pourrait tirer son épingle du jeu.
De mon côté j’ai bien peur que cela ne me convienne pas, d’autant que je n’ai pas couru une seule fois mis à part sur les portages de quelques secondes.
Je n’aime pas la course à pied principalement parce qu’à cause d’une mauvaise technique, je déclenche des inflammations du tendon fascia-latta (face externe du genou) au bout d’une vingtaine de minutes.

Petite rencontre avec Stéphane Loizeau, le champion breton des masters 50 : je suis tout à fait de son avis quand il dit que ce circuit est d’un niveau Elite, car seuls les pros peuvent traverser à vélo de telles portions de sable.
Pour nous, pauvres amateurs, ce sera, malheureusement pour ceux qui n’aiment pas courir, 1km de portage par tour !
C’est sur ce constat qu’on retourne au camping-car pour une soirée tranquille après avoir sympathisé avec des normands rigolos devant nous.


Vendredi 2 décembre

Durant la matinée, le parking se remplit de toute part : il y a une grande quantité de nations représentées même d’outre-Atlantique; ce sera un beau championnat !

Les femmes de plus de 50 ans et les hommes 60 ans et plus débutent les épreuves à 13h.
Pour moi, c’est échauffement sur le home-trainer.
Il commence à pleuvoir un peu.
13h40 : il est temps d’y aller.
On se retrouve avec les françaises : Alna Burato, Karine Temporelli et Pauline Sabin-Teyssedre (toutes 3 championnes de France dans leurs catégories).
Un peu de bavardage avant la mise en grille fait du bien pour faire tomber la pression ! 
Nos vélos sont inspectés (largeur des pneus, détection de moteur).
Nous sommes une trentaine dont 13 dans ma catégorie.
Au tirage au sort je suis placée en 1ère ligne entre une italienne et une américaine.
La pluie tombe un peu mais légère ; il règne une atmosphère curieuse : il fait déjà sombre et calme.
On ne retrouve pas l’ambiance des cyclo-cross belges qu’on peut voir d’habitude notamment parce qu’on est un vendredi et que ce n’est pas une épreuve élite.
14h : c’est le départ, que je ne loupe pas, me plaçant environ 5ème.
Alna ne tarde pas à prendre la tête. Karine me dépasse peu après et je parviens à la suivre jusqu’à la première traversée de sable où cela se gâte : je perds déjà quelques secondes sur cette portion. Je perds 2 places sur la suivante ; dur dur…
La traversée complète de la plage me lamine les jambes ; je n’ai jamais eu de telles sensations ! Mes muscles sont tétanisés lorsque je remonte sur le vélo et je mets plusieurs secondes à retrouver de la vélocité.


Crédit photo: Christophe Trochon
Les escaliers qui suivent peu après me semblent faciles à côté.
Mon vélo S1NEO est excellent, très réactif sur ce terrain roulant et suffisamment léger pour les portages.
Je finis mon premier tour en relançant sur le bitume quand je me fais surprendre sur la droite par 3 concurrentes à bloc comme sur une course sur route !
Je prends immédiatement la roue et récupère une place.
Pour la suite ce sera la bataille : une allemande et une britannique me collent au train ; elles courent plus vite que moi dans le sable où elles me dépassent ; je ne récupère que sur le vélo où dans les buttes raides (c’est le seul endroit où je cours mieux).
L’allemande me met la pression, d’autant qu’elle pousse des cris gutturaux dans chaque descente de butte, limite elle fait peur ! :-)
Phil m’encourage tout ce qu’il peut depuis la zone de dépannage qui se trouve entre les 2 traversées de plage, mais pour moi c’est l’enfer : courir dans ces tranchées de sable avec le vélo dont le pédalier me tape dans le dos à chaque foulée, c’est vraiment tout sauf une partie de plaisir !
Très essoufflée, j’ai de plus en plus de mal à remonter proprement sur le vélo, ne sentant plus mes pieds ni mes chevilles, comme si j’avais 2 bouts de bois à la place des jambes. 


Au 3ème tour, je trébuche dans le sable en reposant le vélo au sol et prend un violent coup dans le genou droit. La lucidité commence à me manquer.
Mais les spectateurs présents sont au top : ils encouragent tout le monde avec leurs « go ! » et leurs « hop, hop hop » ; cela me redonne de l’énergie pour terminer même dans un état second.
Je sauve de justesse la 5ème place dans ma catégorie remportée par Karine qui a fait une brillante remontée. Alna gagne le scratch avec une belle avance ; et Pauline, adepte de course à pied, est également championne du monde en 35-39 ans : bravo à elles !
Je fais une petite récup’ sur le home-trainer après la course : j’ai les jambes tellement dures que je n’arrive pas à tourner à plus 85 tr/mn, là où je fais du 105 habituellement !

Voilà donc ce championnat terminé pour moi avec un sentiment mitigé : d’une part, je pense que j’étais prête physiquement et mentalement; j’ai tout donné, j’ai suivi le programme d’entraînement à la lettre ; sur le vélo j’avais de bonnes sensations les jours précédents.
D’autre part je ne pouvais pas performer sur un tel circuit parce que je n’ai aucune facilité ni préparation en course à pied et que mes jambes n’étaient pas en mesure de le supporter (j’ai eu des courbatures pendant 2 jours ensuite :-) ).
Le point positif, c’est que je sais maintenant ce qu’il me faudra travailler pour espérer gagner des minutes si je reviens là-bas, et que généralement, en course à pied, on ne peut que progresser surtout avec Phil qui connaît les bonnes techniques. Et chez nous, ce ne sont pas les plages qui manquent ! 
Quand on ne gagne pas, ou qu’on n’atteint pas son objectif, cela donne de nouvelles perspectives, de nouveaux défis à relever, et je n’y manquerai pas en 2017.

Un grand merci tout de même :
-       à Phil qui m’a supportée depuis le début de la saison et accompagnée jusqu’en Belgique
-       à Stéphane Gourmelon qui me fait tant aimer l’entraînement même les plus durs, et qui m’a aidée à ne rien lâcher mentalement : toujours les mots justes ; c’est aussi à cela qu’on reconnaît la grande qualité d’un coach
-       à nos familles, très impliquées pour nous aider

Ci-dessous une vidéo des Elites à l’oeuvre sur cet incroyable circuit !
https://www.youtube.com/watch?v=qiwcDW_xxc4